FAIRE CONNEXION: DEUX ANS DE LOI ANTI-RAVE° (Janvier 2025 – pt2)
Souvent, dans ce rebond entre le besoin de s’exprimer, il y a eu des incompréhensions, des contretemps entre les générations qui communiquent leurs connaissances techniques et empiriques liées à la reproduction de l’expression du contenu audio ou entre ceux qui ressentaient la nécessité de souligner l’importance de l’égalité et des questions de genre dans les contextes festifs qu’ils vivaient, comme expression constitutive de «l’alternativité» dans les moments autogérés, au-delà de leur reproductibilité esthétique.
Bien.. nous savons que dans l’urgence des mobilisations, il y a une radicalisation même exacerbée des concepts et de l’ego – pour faire valoir sa voix dans un tourbillon de revendications; cela ne veut pas dire en réalité qu’il n’y a pas de camarades des sons qui ne pratiquent pas l’antifascisme et l’antisexisme partout (loin de là, et presque toujours aussi loin de radical-chic qu’en tant que porte-parole de quelque instance), bien qu’ils aient des codes expressifs peut-être très différents des militantəs d’une jeune collective qui lutte maintenant dans la rue, tout comme il y a des camarades qui décident entre autres choses d’être des techniciens du son et de installer le son par passion et style de vie sans pour autant renoncer à la pratique anti-patriarcale comme forme de ré-existence et de libération quotidienne.
Soin de l’événement et des relations, une mélange qui donne la bonne humeur dans la fête.
Par contre (facile le-dire après..) on pourrait se demander comment ces besoins d’interaction et de confrontation n’ont pas émergé avant l’imposition répressive évidente par la loi, mais tant il y a.. une contre-culture comme celle de la rave (pas seulement free-tekno), plusieurs décennies, elle vit de hauts et de bas, souvent (et handicap) non mesurables par le nombre de participants à des événements, et oscille entre la possibilité d’être absorbée par les systèmes de communication et de marchandisation et l’hostilité ouverte à ceux-ci..
Que l’on puisse en quelque sorte actualiser ses formes, s’hybrider avec d’autres expériences, devenir vecteur des pulsions «old» et «new» qui l’agitent?
Cela ne peut être que le résultat d’une réponse primordiale à la tentative de diaboliser – pénaliser – mystifier la rave, comme cela s’est produit une fois de plus dans son histoire, dans ce cas en Italie par le gouvernement Meloni – Salvini – Piantedosi.
C’est “oui”, et cela a créé des interactions et une contamination des styles et des genres comme on ne l’avait pas vu depuis longtemps dans de nombreux endroits, et activé des énergies dans des contextes où elles s’étaient rarement produites auparavant sous certaines formes.
Maintenant que de nouvelles équipes et de nouveaux mondes de jeunes commencent à expérimenter différentes pratiques d’autogestion au-delà des rues, la nécessité que la circulation de confrontation et de débat ne s’assoupisse pas ne doit pas et ne peut pas disparaître, au contraire, elle devrait utiliser une plus grande proactivité parmi ceux qui ont accumulé des expériences, même des décennies, comme ceux qui les vivent maintenant; cela parce que (comme différents cycles de lutte anti-rép en France peuvent le montrer) ce n’est pas avec la fin de la tempête répressive que les formes d’agrégation deviennent plus fortes et plus conscientes dans l’autogestion que les précédentes, si ensuite le «nouveau» ne reconnaît pas et n’écoute pas d’autres générations; au contraire, c’est précisément dans la fermeture des possibilités d’intercommunication qu’un mouvement de corps, de relations et de savoirs devient plus attaquable, si ce n’est lorsque physiquement, financièrement ou administrativement, il a tendance à geler ou à se faire marchandiser (dans le double et subjectif: ou festival bien réglé ou confinement).
En fait, la création expressive alternative nécessite d’expérimenter entre les styles et les genres en plus de la «confrontation» frontale à l’état-ennemi, et d’affiner les mécanismes d’autodéfense et les formes de réappropriation de l’espace et du temps (dont le mode de fête peut être considéré parmi les plus sublimes).
Ne cessez pas de regarder autour de vous, même dans les moments apparemment difficiles et resserrés, comme dans ceux d’apaisement, c’est un antidote anti-répressif et libérateur.
Que ce soit par le biais de campagnes de solidarité, de la diffusion de contenus et de pratiques antiracistes, de soins et d’auto-protection collective, ou en défendant le son dans une situation où l’on est peux..
Aujourd’hui plus qu’hier, se chercher et se mettre en réseau est une dimension incontournable, de réciprocité, d’appartenance et d’expérimentation contre-culturelle.